• Conseils de plume #2 : Les trois piliers

    Ça faisait longtemps que je n'avais pas publié un conseil d'écriture (depuis le premier, un peu plus d'un an). Il faut dire que personne n'est prophète en son domaine et que tout ce que je dis relève de ma propre expérience. mais j'espère que ça aidera quelqu'un, un jour.

    La leçon d'aujourd'hui portera donc sur les trois éléments indispensables d'une bonne histoire.

    Ces trois éléments, vous les connaissez forcément : il s'agit du scénario, de l'univers et des personnages. Ils sont indissociables et les faiblesses de l'un feront chuter les deux autres. C'est triste à dire, mais un auteur qui néglige l'un des aspects ne respecte pas le contrat lecteur : il fait du mauvais travail, qu'il le fasse sciemment ou non.

    Ces trois piliers déterminent en fait trois types d'auteurs. J'ai en effet pu constater que tous les auteurs commencent par créer l'un ou l'autre. Certains sont plus à l'aise à l'idée de créer l'univers entier avant d'y faire jouer différentes histoires. D'autres font vivre leurs personnages avant de déterminer le monde et la quête qui leur convient. D'autres encore décident d'un scénario et créent les personnages qui seront porteurs de messages dans le monde le plus adapté. Toutes ces méthodes sont bonnes puisqu'elles pensent à développer les trois piliers, seul l'ordre varie.

    Étant adepte de la création de personnages avant tout, je ne peux cependant que vous parler de ma propre méthode.

     

     

         1. Les personnages

    Créer un personnage n'est pas chose aisée, il faut le sentir mais surtout y aller pas à pas. Je suis partisane du caractère avant l'apparence. En effet, je ne trouve rien de plus insupportable que les histoires qui répètent à longueur de paragraphe que le personnage ressemble à ci et ça. Dans un roman, c'est le caractère que l'on ressent plus que l'apparence. Il s'agit donc du point primordial à traiter. Qui est votre personnage ? D'où vient-il ? Que cherche-t-il ? Il est important de fixer l'essence de ce personnage, ce qui le rend particulier.

    Mais le plus important... Je répète : le plus important, c'est de lui donner des faiblesses, des défauts, des peurs ! Vin-dieu, j'ai les Mary-Sue en horreur... Il n'y a rien de pire qu'un personnage sans défauts, car il est impossible de le sentir en danger, en difficulté et de vibrer avec lui. L'identification à un personnage dépend de sa capacité à faire ressentir des émotions, que le lecteur se dise "Moi aussi, j'aurais fait pareil" ou justement "Mais il est con ou quoi ?". Le lecteur doit réagir.

    Attention, cependant, à ne pas tomber dans le piège inverse. Votre personnage doit rester cohérent, choisissez des traits de caractère qui puissent cohabiter en harmonie. On ne peut pas, par exemple, être patient et colérique, ou être une vraie peau de vache et devenir gentil quand le scénario l'exige (à moins d'être manipulateur). On ne peut s'attacher à un personnage qui n'a pas de consistance.

    Je mets aussi un point d'honneur à mettre en garde les auteurs qui écrivent à propos d'une maladie sans en connaître les tenants et les aboutissants. Combien de personnages sont-ils schizophrènes ou albinos juste "pour le style", sans prendre en compte que ce sont des maladies et peuvent donc possiblement empirer ou induire d'autres problèmes indirects. Par exemple, un albinos sera plus sensible au soleil, on ne le fera donc préférablement pas vivre dans le désert. Il faut se renseigner lorsque l'on traite un sujet qui ne nous touche pas directement.

     

     

         2. L'univers

    En parlant de recherches, l'univers est sûrement ce qui en nécessite le plus, que ce soit dans les genres de l'imaginaire que dans la littérature blanche. Votre décor doit être en adéquation avec les personnages que vous avez créés. ils doivent pouvoir y vivre et y avoir une place. Personne n'aurait l'idée de mettre Legolas dans un vaisseau spatial. Des petits malins vont me répondre que si, c'est possible (avec la carte kiwi...), mais quel est l'intérêt de créer un personnage de guerrier sylvain avec des relents de magie si c'est pour l'enfermer dans un enfer de technologie où tout cela ne pourra être exploité ? On peut mixer les genres, donc, mais sans perdre de vue l'intérêt d'un tel mélange.

    Si le monde est imaginaire, tout doit être cohérent. Vous devez déterminer quelles sont les lois de votre univers pour ne jamais vous contredire. Le lecteur subit ce que l'on appelle une suspension volontaire de l'incrédulité : c'est à dire qu'il va croire à votre histoire, y entrer et y nager. Si d'un coup, vous mettez des piranhas dans l'eau, ils vont sortir en courant. Et ce n'est pas ce que vous voulez, alors pensez au moindre petit détail et si l'un d'eux ne vous semble pas safe, ne le mettez pas. Il vaut mieux un peu maîtrisé qu'un beaucoup brouillon.

    Si le cadre est réel... Pitié, arrêtez avec le Japon. Je vais faire ma parenthèse ici, mais je n'en peux plus de ces histoires qui se passent dans une espèce de Japon idéalisé où tout est beau et merveilleux. Il s'agit d'un pays strict dont les règles sociales sont très, très éloignées de notre monde occidental. Voir deux animés et lire trois mangas ne vous élève pas au rang d'expert. C'est comme pour les maladies : la recherche est le remède à tous les maux, au risque d'offenser ceux à qui vous vouliez donner de l'importance. Bref, la recherche. Toujours la recherche. Surtout si votre histoire se déroule dans un pays étranger réel.

     

     

         3. Le scénario

    Le scénario, vaste question. Je ne peux pas objectivement vous conseiller là-dessus. Chacun a sa propre manière de concevoir une histoire. Il existe bien sûr différentes méthodes pour y parvenir même en débutant totalement, mais ce serait trop long à décrire ici (prochain sujet, qui sait ?). Pensez donc toujours adéquation avec le personnage et l'univers. Et cohérence interne. Surtout cohérence interne. Rien de pire que l'incohérence scénaristique, à part les Mary-Sue.

    Je tiens cependant à ajouter un point qui me paraît très important : votre histoire n'a pas à donner des leçons. Une histoire faite avec passion et sérieux vaut tous les Candide du monde. Si vous voulez juste raconter le trajet d'une patate du champ à la casserole, mais faîtes-le bordel ! Le lecteur ne s'attend pas à voir son image du monde changée par votre histoire, ni à avoir la révélation de Bouddha ! Il veut juste prendre son pied l'espace de quelques heures en découvrant des personnages et une quête qu'il ne connaît pas. Il se nourrit de votre passion et de votre amour pour la création, alors donnez-lui en. N'écrivez jamais dans le seul but de vous faire remarquer ou de faire de l'argent (c'est pas la bonne voie), écrivez parce que vous le voulez, parce que ça vous démange, parce que c'est ce qui vous fait plaisir.

     

    Je pense que j'ai fait le tour des trois piliers. Il ne me reste donc plus qu'à vous souhaiter une bonne écriture !

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Janvier 2019 à 00:34
    Cet article est juste parfait. C'est clair, concis et pertinent ; aux antipodes de certains tutos d'écriture sans saveur qui pullulent sur Internet.

    J'apporterai une nuance, je pense que c'est très important de définir les messages qu'on veut faire passer dans le récit. Tous les textes ne doivent pas être idéologiques, mais il y aura toujours un motif ou une réflexion apporté par l'auteur. Après, c'est comme tous les arts, ça reste sujet à interprétation.

    J'imagine que oui, mais connais-tu TV Tropes?

    P.S. C'est trop bien Candide, kesstukritik °^°
      • Dimanche 6 Janvier 2019 à 11:21

        Merci pour le compliment ;)

        Ce que je voulais dire, c'est qu'il ne faut pas se forcer à intégrer un message fort. Je connais des auteurs qui complexent de "juste raconter une histoire" sans chercher à donner de leçons. Après, oui, si on veut faire passer des messages, il faut les définir.

        Je connais pas du tout, c'est quoi ? ^^

        PS : J'ai rien critiqué, wesh, d'où tu m'agresses ? Viens, on va faire la bagarre !

      • Vendredi 25 Janvier 2019 à 17:30

        On transmet toujours un certain message dans une fiction, consciemment ou non. ^^

        Un site aussi drôle qu'utile qui recense tous les "tropes" ou poncifs de fiction, et fait la liste des travaux, littéraires ou pas, qui les utilise. Genre, tu cherches "Pirate de l'espace" et tu as tous les clips, romans ou mangas qui figurent des pirates de l'espace. Tu peux aussi faire une recherche par auteur ou par cycle. Par contre, c'est en langue de Shakespeare.

        Je réponds très à l'heure, surtout.

      • Vendredi 25 Janvier 2019 à 19:46

        Évidemment, on laisse toujours notre vision des choses guider les mots. Il y a toujours une subjectivité un peu traître même lorsque l'on cherche à être le plus objectif possible ^^

        Ça a l'air cool ! J'irai voir ça. Même si mon niveau d'anglais est un peu triste sur certains points x)

        La ponctualité est ta marque de fabrique XD

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    2
    Lundi 7 Janvier 2019 à 03:52

    Bel article !! Mais pas le temps d'écrire... trop occupé à lire ^^

      • Lundi 7 Janvier 2019 à 10:37

        Les deux ne sont pas incompatibles, faut juste arrêter de dormir x)

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