• Le harcèlement

    Bonjour à tous !

    Je sais, en voyant le titre, vous vous êtes dit : "Eh bah putain, on va se marrer aujourd'hui...". Il est vrai que c'est un sujet qui n'est pas facile à traiter sans tomber dans le mélodramatique. Cependant, c'est aussi un sujet qui me tient à cœur car j'en ai été victime. Cet article n'est en aucun cas une leçon de morale, il s'agit d'un témoignage, d'une explication des conséquences du harcèlement sur les victimes.

    En effet, je ne vois pas l'intérêt de vous raconter ce qui arrive aux harceleurs : soit ils se font choper et punir, soit ils ne se font pas attraper et on doit les supporter. Non, moi, je veux vous écrire ce qui m'est arrivé, ce que j'ai ressenti. Pendant longtemps, je me suis dit "ça y est, c'est fini !" mais non, il reste des séquelles de cette expérience douloureuse.

    Bon, commençons par le début, j'étais au collège à cette période. Douce époque où on vous surnomme "calculatrice" ou "face de cratère" pour peu que vous ayez des boutons ou "grosse vache" quand vous êtes un peu enrobée. Tout le monde le sait, les enfants sont cruels. Entrée en sixième, j'ai été séparée de toutes mes amies sauf d'une. Tout se passait bien, je voyais encore mes autres amies, puis une autre fille a rejoint notre groupe. Et là, gros cliché : belle, populaire et gentille. Je me suis laissée balader... Jusqu'en quatrième où j'ai commencé à avoir des doutes : mes deux amies se montaient souvent contre moi, beaucoup de disputes, je pleurais souvent et, lorsque l'on se réconciliait, elles me faisaient passer pour une comédienne et se moquaient souvent de moi.

    Je suis loin d'être parfaite. C'est d'ailleurs plutôt le contraire. Mais malgré mon mauvais caractère, je suis quelqu'un de très fidèle qui tolère très mal la trahison, qui préfère ignorer qu'elle existe. C'est comme ça qu'elles ont commencé à me surnommer "le chien", parce que c'était facile de s'en prendre à moi et de justifier ça par un "c'est l'amour vache". Elles s'amusaient à déclencher des disputes juste pour le plaisir de me voir revenir et m'excuser alors que ce n'était même pas ma faute.

    Vous me direz : "Et les autres ? Ils ne faisaient rien ?". Les autres ? Ils s'en fichaient ! Elles leur racontaient à quel point j'étais agressive et méchante et qu'elles restaient avec moi parce que je leur faisais pitié. Elles m'ont isolée, m'ont fait passer pour ce que je n'étais pas : une insensible, un monstre. Les rares qui étaient de mon côté et savaient ce qui se passait préféraient se faire tout petits pour ne pas se faire évincer.

    Un jour, je n'ai pas compris. L'une d'elle m'a giflée en disant "De toute façon, elle n'osera pas répliquer". Ce que je me suis empressée de faire : elle a reçu ma main dans sa figure. Elle en est restée bouche-bée, comme si j'étais incapable de me défendre, comme si elle était étonnée que je puisse me rebeller contre elle.

    Que s'est-il passé au final ? J'ai fait une dépression, une phobie scolaire à deux mois du brevet. Mon père, furieux, est allé remonter les bretelles des "deux harpies" comme ma mère les surnomme. Elles ont pleuré et m'ont pointé du doigt, me faisant passer, encore une fois, pour un monstre devant toute l'école et elles pour des anges de pureté. J'ai été seule pendant un mois complet, sans parler avec les jeunes de mon âge. Je parlais peu, même à la maison, j'ai eu des pensées suicidaires, j'étais mal, juste MAL.

    Mais j'ai eu heureusement le soutien de filles dont je n'aurai jamais espéré d'aide, des filles que celles de mon groupe insultaient et traitaient de "putes", des filles géniales, drôles et attachantes. J'ai passé mes épreuves du brevet sereinement, et je l'ai décroché haut la main.

     

    Et voilà, HAPPY END !... ou pas.

     

    Et non, rien n'était fini. Le harcèlement m'a laissé de nombreuses blessures morales. La plus importante est le manque de confiance en moi, une foi en mes capacités qui m'a été arrachée et qu'encore aujourd'hui, je n'ai pas récupérée.

    Ensuite vient une grande peur de la solitude. Quand certain auraient préféré rester seuls après ça, j'ai réagi beaucoup plus violemment. Encore en ce moment, je suis très possessive avec mes amies et je supporte mal d'être seule. J'angoisse à la limite de la crise de panique et je m'inquiète. J'ai aussi développé un instinct de protection très fort, j'ai besoin de préserver mes amies, de les mettre en garde constamment voire de les éloigner des personnes que je juge indignes de confiance.

    Je me rends compte de mon attitude avec du recul, mais il faut savoir que cela est totalement inconscient la plupart du temps. Je ne contrôle absolument pas mes élans d'agressivité. Je suis restée instable, tantôt joyeuse, tantôt dépressive. Mon comportement est, au final, très handicapant dans la vie de tout les jours.

    Mon angoisse permanente se traduit par des maux d'estomac insupportables et, en cas de gros stress, des crises d'hyperventilation. Je suis constamment en train de me ronger les ongles, de me gratter ou de m'arracher des bouts de peau sur le visage à cause de mon acné qui, à cause de ça, ne part pas.

    Je me rends compte que je suis chanceuse par rapport à d'autre qui se sont suicidés, mais je tiens à dire que le harcèlement n'est en aucun cas justifiable et qu'il peut détruire des vies !

    Si vous en êtes témoin, n'hésitez pas à en faire part au lieu de fermer les yeux.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 27 Décembre 2016 à 14:46

    Le harcèlement... Quelque chose que j'ai bien connu. Les séquelles restent, et resteront. Notre attitude est sévèrement touchée, aujourd'hui encore. Mais ce qui m'est resté au fond de la gorge c'était l'attitude du personnel scolaire, le problème a été signalé plusieurs fois. Résultat ? Dire "cpabi1", rien de plus, et cela a empiré. De "simples" pressions psychologiques cela a évolué aux coups physiques. C'est du joli, le réponse 'Devenez comme eux". Bah oui, diantre, suis-je idiote (dans le sens grec du terme) ? Faire du mal. Le remède à tous les maux.

    Bref.

      • Mardi 27 Décembre 2016 à 14:53

        Ce sont nos proches qui sont les plus aptes à régler le problème : l'administration de l'école est généralement... inutile. J'en ai fait l'expérience par deux fois, dans deux établissements différents.

        La seule chose qu'on peut faire à notre échelle, quand on est victime, c'est ne pas sombrer. Et c'est dur, très dur. Néanmoins, c'est à notre portée quand on a du soutien ^^.

      • Mardi 27 Décembre 2016 à 15:00

        Heureusement que nos proches nous soutiennent dans ce cas là. J'ai changé d'établissement, certes deux fois (vive les déménagements), mais au final on s'en sort. L'écoute est une véritable aide, une seule suffit pour garder la tête hors de l'eau. Puis quand on voit ce que deviennent nos "agresseurs", c'est amusant, la plupart on quitté le système scolaire très tôt, que vont-ils devenir ? Et leurs enfants ? 

    2
    Mardi 27 Décembre 2016 à 15:08

    T'as eu de la chance de les voir tomber. Personnellement, je sais que mes deux harpies s'en sont très bien sorties, malheureusement. Ce qui me fait mal, c'est qu'elles n'ont pas été punies comme elles auraient dû l'être.

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