-
Pour un baiser - Concours de Nienor
Quitte à écrire des horreurs, autant le faire le soir d'Halloween.
Voilà ma participation au concours 3000 visiteurs de Nienor, qui est à rendre au plus tard le 15 novembre (on est large donc). Il fallait écrire un court texte, entre 500 et 2000 mots dont le début devait obligatoirement être : « Depuis toute petite, on la réveillait tous les matins à huit heures. »
J'ai donc choisi, pour une fois, de faire un texte engagé sous forme de poème (bon, remastérisé à ma sauce, puisqu'il y a de la prose et de la rime mélangés... On appelle ça la forme libre). Le plus difficile, ça a été de faire plus de 500 mots. Parce que honnêtement, quand je me lance dans des envolées lyriques, ça tient plus du planeur que de l'avion de ligne... Et en prime, il fallait que je sois subtile. Bon, c'est raté, je crois que plus évident, ç'aurait été de sortir le drapeau arc-en-ciel.
Mais bon, je me suis fait plaisir et j'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire.
Pour un baiser
Depuis toute petite,
On la réveillait.
Tous les matins,
à huit heures.
Et sans rechigner,
Elle prenait le balais.
Elle rangeait, nettoyait
Et récurait le plancher.
« Ça la r'dressera p'têtre. »
Espérait la mère.
« C'est pas comme ça qu'y faut faire. »
Ajoutait le père.
Droite, elle l'était,
Mais chaque jour,
Elle se courbait un peu plus.
Sous les coups du ceinturon
Qui chantait, sifflait.
Elle était droite, oui.
Mais du prince ou de la princesse,
Son choix était fait,
Et quelques soient les épreuves,
Jamais elle ne le trahirait.
À l'école,
Tout avait commencé.
À l'école,
Elle avait avoué.
Scandalisés.
La maîtresse,
Les parents,
Ses parents.
Mais ils n'avaient rien dit.
Les enfants ne savent pas,
Que ce qu'ils disent
Est toujours une vérité.
D'année en année,
De centimètre en centimètre,
Elle grandit.
La première princesse.
Le premier baiser.
Mais du chevalier,
Elle n'avait que l'âme,
La valeur.
Sans armure,
Sans épée,
Elle n'était rien qu'un brigand,
Un voleur.
À l'école ?
Elle n'alla plus.
« Manquerait plus qu'elle les contamine. »
Crachait le père.
Chez la mère,
Le silence régnait.
En un mois,
La lumière décrut.
De son placard,
Seule dans le noir,
L'espoir disparut.
Droite, elle ne l'était plus.
Sa fierté en lambeaux,
Son cœur en miettes,
Sa confiance en morceaux,
Sa vie aux oubliettes.
Alors elle cria.
De rage,
De désespoir,
De toutes ses forces.
Et elle recommença.
Le ceinturon chanta,
Mais elle n'en avait cure.
Car de sa douleur,
Elle s'était fait une armure.
Elle cria,
Encore et encore.
Qu'on l'entende,
Qu'on l'aide.
Elle cria,
Tant et si bien
Qu'enfin,
Cette aide elle obtint.
La lumière.
L'espoir.
Un ange.
Bien qu'aveuglée,
Elle ne put se détourner.
Un vœux, son vœux,
Avait été exaucé.
Une larme de joie,
Sèche comme son cœur
Coula le long de sa joue.
On l'emmena,
Loin d'eux,
Loin du placard.
Vers un nouveau foyer,
D'autres naufragés.
Ceux qui, chanceux,
Ne s'étaient pas noyés.
Mais de la côte,
Elle ne pouvait que regarder,
Ce qui au fond de l'eau
Avait coulé.
Plus de placard,
Mais plus de confiance.
Plus de danger,
Juste une dépendance.
On la nourrissait,
L'écoutait,
L'aidait.
Mais rien n'y faisait.
Pourtant, derrière l'armure,
Subsistait un petit éclat,
L'envie de vivre,
L'envie d'aimer.
L'aimer,
Elle,
Son ange.
Belle comme le jour,
Attentionnée.
Lui faire la cour,
Elle aurait souhaité.
Dans ses yeux,
Toujours elle s'égarait.
Mais fuyarde,
Le sol elle regardait.
Mais son regard,
Un jour, fût capté.
Un sourire,
Quelques mots.
D'abord méfiante,
Comme un animal blessé,
Elle ne la laissa pas s'approcher.
Pourtant, douce et aimante,
Elle réussit à l'apprivoiser.
Car abîmée,
Elle aussi l'était.
Abusée,
Mais jamais découragée.
Un roc, un repère.
Un phare en pleine mer.
Elle lui tint la main,
Jamais ne la lâcha.
Dans ses bras elle la serra,
Jamais ne l'emprisonna.
Alors l'amour naquit.
D'une princesse, pourtant,
Elle n'avait pas l'allure.
Sa joue balafrée,
Son cou brûlé :
Ses marques d'usure.
L'ange n'était pas aveugle,
Mais il ne les voyait pas,
L'amour la gardait
Bien au-delà de ça.
Néanmoins,
L'ombre du placard
Toujours la hantait.
Dans la nuit,
Elle criait,
Se débattait,
Pleurait.
Mais son ange,
Jamais ne la quittait.
« Tout va bien,
Tout est fini. »
Alors de ses ailes de coton,
Elle l'entourait.
Et dans ce cocon,
Elle se rendormait.
Bon voilà, c'était sympa. Je vous ai mis mal à l'aise, ou révoltés, mais sachez que cette situation est encore courante pour les jeunes homosexuels dans de nombreux pays. L'horreur n'est pas que dans les films et la réalité dépasse bien souvent la fiction. J'en profite donc pour faire un petit coup de pub à l'association Le Refuge qui lutte contre les violences dirigées vers la communauté LGBT+.
Les résultats : http://mysterieuseetdisparue.eklablog.com/resultats-concours-3000-visiteurs-a132812716
Tags : homosexualité, amour, LGBT, discrimination, concours, écriture, 2017
-
Commentaires
Merci d'avoir rendu ton texte ! Et c'est génial de faire de la pub pour l'association Le Refuge !
Tu auras mon avis lors de la publication des résultats !-
Mercredi 1er Novembre 2017 à 11:32
-
Ajouter un commentaire
Pfiou ! Tin c'est bien ! Bon je vais surement aller me pendre dans un quart d'heure mais c'est vraiment superbe ! Beau boulot ! Tu touches Reindeer !
Je vends des cordes, si tu veux... Pas cher pas cher !
Merci, en tout cas ;)