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Le tintement d'un vœu - Concours de Samaëlle
Mais qui voilà ? Mais oui, c'est ma participation au concours de Samaëlle. On remarquera mon effort de ponctualité, n'est-il point ? Bref. Le thème, c'était juste de faire un texte magique dans l'esprit de Noël. Je sais pas si j'ai réussi, mais y'a de la neige et de la magie alors fuck my life ! On va dire que c'est bon. C'est un conte, une fois n'est pas coutume, alors savourez-le bien parce que ce n'est clairement pas mon genre de prédilection (et je prie pour que ça ne se voit pas...).
Le tintement d'un vœu
Il était une fois, dans une lointaine contrée entourée de montagnes gelées, une jeune fille nommée Anoushka. Elle n'avait rien de spécial si ce n'était une patience sans égal. Mais celle-ci était mise à rude épreuve ces derniers jours...
Le premier, Siska allait plutôt bien.
Le deuxième, un peu moins.
Le troisième, elle ne pouvait plus se lever.
Le quatrième, elle n'arrivait même plus à s'alimenter.
Le cinquième, elle agonisait.
Le sixième, Anoushka décida de réagir.
Mais comment ?
Sa sœur n'était plus que souffrance sous son édredon. Sa peau bleuissait jour après jour, de ses doigts à ses bras à ses épaules... Le mal l'emportait si vite. Alors elle alla demander conseil. Parce que si petite qu'elle fut, Anoushka était loin d'être bête, et si quelqu'un pouvait l'aider ici, c'était la Vieille. La Vieille savait tout. Et s'il existait un remède à cet étrange mal, elle le saurait.
Lorsqu'elle se rendit sous la yourte de la Vieille, une odeur de camomille imprégnait les lieux. Posée en tailleur sur un tapis à même le sol, les yeux clos, la Vieille somnolait. Un étrange encens inodore fumait dans l'air, donnant aux peaux de bête accrochées une aura menaçante comme s'ils étaient prêts à se jeter sur les visiteurs... Peut-être était-ce le cas. Anoushka détaillait les lieux, attendant une réponse de la sage. Point de questions, ici, seulement des réponses. Quiconque parlait en ce lieu n'en ressortait point. Alors, la Vieille claqua du bec trois fois et conseilla :
« Trouve l'arbre à grelots sur la plus haute roche de la plus haute montagne. Là-bas, cueille l'un de ses fruits : il apaisera sa souffrance. »
Si un tel arbre existait, Anoushka en aurait entendu parler... Mais la Vieille n'avait jamais tort alors elle ne remit pas en cause ses dires. Du moins, pas oralement. Pourtant, le doute subsistait : et si ce miraculeux végétal n'était qu'une légende ?
Cependant, Anoushka n'était pas femme à se désister. Ses bagages furent vite faits. Un peu de nourriture, un manteau chaud, un brancard pour emmener Siska et elle était partie. Le brancard traînait dans la neige, il était si lourd... Elle n'emmenait pas seulement Siska, elle emportait aussi son mal, pesant et assassin. Pourtant, elle ne se découragea pas ! Elle tirerait ce brancard jusqu'aux neiges éternelles de la plus haute montagne sur son plus haut rocher.
Alors elle marcha, marcha, marcha jusqu'à sentir ses orteils geler et ses muscles se tétaniser. Ses cheveux, ses cils se couvraient de givre, elle peinait à garder les yeux ouverts. Elle aurait voulu s'arrêter ne serait-ce qu'une seconde, céder au sommeil qui lui tirait la manche avec insistance. Mais Siska ne tiendrait pas plus de quelques jours encore, il fallait se dépêcher. Son regard se perdait souvent au loin, à la recherche de ce fameux arbre.
Si montagne elle vit, son but semblait quant à lui jouer à cache-cache, à sa plus grande angoisse. Alors, elle continua, dans le froid, dans la tempête, dans la peur de voir s'évanouir cet espoir. Elle devait y croire, car personne ne le ferait à sa place. Alors elle grimpa de toutes ses forces, jusqu'à ce que ses doigts saignent, que son corps ne puisse plus tirer le brancard que par sa volonté.
Et quand enfin elle vit le sommet, elle sentit son cœur se serrer : un épais brouillard recouvrait entièrement le lieu. Anoushka n'y voyait rien, mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Elle battit le brouillard de ses bras fatigués comme le plus fourbe des adversaires. Elle allait trouver cet arbre et il exaucerait son souhait ! Mais quel que fut le nombre de fois où elle s'acharna, elle ne trouva rien. Le brancard pesait si lourd... Alors elle se mit à appeler, à implorer.
« J'ai besoin de toi ! S'il te plaît, montre-toi ! Elle se meurt... »
À genoux dans la neige et le gel, elle ne put retenir ses larmes. Le souffle de Siska s'atténuait de seconde en seconde. Ses larmes gelaient à même sa peau quand soudain, une lumière attira son regard. Un doux tintement résonna à ses oreille et elle le vit. Il était là, l'arbre à grelot. Elle s'élança vers lui et posa ses mains sur son écorce rêche. Ce n'était pas un mirage, elle ne rêvait pas.
« Siska ! On a réussi ! Réveille-toi. »
Alors Siska ouvrit les yeux pour la première fois depuis leur départ. Cette lumière l'éblouissait, mais le soulagement apaisait déjà ses douleurs. Elle leva une main bleue vers l'arbre et le détailla de ses yeux fatigués. Et l'horreur la frappa : il se mourait. Son écorce qui jadis devait resplendir d'un éclat pourpre n'était plus qu'un vieux souvenir. Elle était rongée par la maladie et, au bout des branches nues et malingres, pendait un unique grelot. Le dernier. Alors elle prit sa décision.
Anoushka allait grimper sur le vieil arbre quand une main agrippa son bras. Siska s'était levée et secouait la tête.
« Si on prend ce fruit, il ne repoussera jamais. Regarde-le, il est comme moi : malade. Pourtant, il lui reste une chance de subsister à travers sa graine. Je refuse que ma survie se fasse au prix de la mort d'un autre. »
Alors Anoushka sut. Elle sut que si elle repartait d'ici, ce serait seule. Mais pourtant, la décision de Siska ne la surprenait pas, alors elle la serra dans ses bras sans un mot.
« Je vais rester ici avec lui, il va avoir besoin de compagnie le temps qu'il s'élève de nouveau dans le ciel. »
Siska tendit ses bras décharnés vers le grelot qui tomba dans ses mains. Elle le posa contre son cœur et formula son vœu.
« Je souhaite que tu renaisses à nouveau, que tu t'élèves sur le plus haut rocher de la plus haute montagne, que tu resplendisses au-dessus des neiges éternelles comme tu le faisais jadis. »
Alors le grelot tinta si fort que l'on aurait pu l'entendre par delà la tempête ronflante et le grondement des avalanches. Siska sentit la précieuse graine chauffer entre ses doigts noueux et lorsque son regard se posa sur elles, une écorce bleue les avait enrobées en leur sein. Dans son cœur résonna une voix douce.
« Merci. »
Alors Siska entoura le noyau de tout son amour. Elle serait le nouvel arbre à grelot et aussi longtemps que les hommes souhaiteraient, elle les exaucerait.
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Tags : conte, concours, Noël, souhait, voeu, arbre
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Commentaires
Joli conte de Noël, Reindeer ! Très touchant, triste mais touchant !
Contente qu'il te plaise ;)